Dès que Yury Boukoff s’assied devant un piano, on sent que la musique va s’imposer d’une manière aussi évidente que l’est sa propre tenue devant le clavier. Élégant et racé, c’est un cavalier de l’école de Saumur qui se livre à une sorte de carrousel d’un style rigoureux et pur. Ce ne sont point des grâces affectées, de languides pâmoisons qui chercheront à nous séduire. Tout dans le jeu de Yury Boukoff, respire la santé et la vérité.
Dès lors, on retrouve les lignes de force des œuvres qu’il interprète, et l’émotion naît tout naturellement de ces longues, de ses grandes vagues qui tour à tour tranquilles et passionnées, déferlent sur le clavier. Bach, Beethoven, Liszt : trois architectures bien différentes, lumineusement mises en évidence par ce bel artiste qui, de la grande sonate de Liszt, nous a donné une interprétation de référence, à la fois simple et grandiose, étayée par une technique sans faille, dont les bis éblouissants ont donné l’exacte mesure.
Pierre-Petit