Boukoff et Yankoff

Par manque de coordination, deux grands pianistes bulgares installés à Paris, ont donné un récital le même soir. De Ventislav Yankoff, je n’ai pu entendre que la première partie du concert à Gaveau. Cela m’a suffi pour apprécier la délicatesse d’un jeu racé et intelligent, que Haydn et Mozart mettent fort bien en valeur, et pour déplorer l’infidélité d’un public qui fêtait, vingt ans plus tôt, l’un des plus brillants lauréats du concours Long-Thibaud.

A pleyel, Yuri Boukoff faisait salle comble avec un programme consacré à Chopin, Prokofiev et Schumann. Lorsque je pénétrais dans la salle, il commençait la 6e Sonate de Prokofiev : ce fut un éblouissement technique et musical. Tout en conservant sa force puissante, Boukoff a gagné une sorte d’onctuosité, de tendre souplesse. Dès lors qu’il s’agit des coups de griffes de Prokofiev ou des élans passionnés du Schumann des Etudes symphoniques, nous sommes restés sous le charme d’interprétations de très grande classe, où pudeur et éclat, brio et rigueur font excellent ménage.

La critique de Pierre-Petit

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