Biographie

Slave d'origine et français d'adoption, Yury Boukoff représente la parfaite synthèse des grandes écoles européennes de piano. Au carrefour des trois pays, la puissante personnalité de Yury Boukoff a totalement assimilé leurs cultures respectives et leur sensibilité particulière. C'est ce qui donne à ses interprétations la pureté du style, l'originalité du tempérament et la vérité de l'émotion, expliquant aussi l'étendue et la diversité de son répertoire.

L'enfance bulgare

Youri (Yury) Boukoff naît à Sofia, en Bulgarie, le 1er mai 1923, d'un père officier de marine, Georges Boukoff, et d'une mère, Maria Dimitrova, cantatrice d'origine russe. A six ans, il commence ses études musicales avec sa mère et les poursuit avec le pianiste Brzosniowki. A dix ans, il a pour professeur Andrei Stoyanoff, le plus grand pédagogue musical bulgare.

Un an plus tard, il donne son premier récital au Conservatoire de Sofia, et à 15 ans joue, pour la première fois, avec l'Orchestre Philharmonique Royal Bulgare, le Concerto de Grief, sous la direction de Sacha Popov, en présence du Roi et de la Reine.

De 1942 à 1945, c'est une période creuse pour la musique car il effectue son service militaire, dans l'artillerie comme officier de réserve.

La France

Après la Seconde Guerre mondiale, il reprend d'arrache-pied ses études musicales, partageant son temps entre l'étude et la vie au grand air, puis entre au Conservatoire Bulgare. Un an après, il remporte le premier Prix de piano au Concours National de Bulgarie, ce qui lui permet d'obtenir du gouvernement français une bourse pour venir étudier au Conservatoire de Paris.

Il entre au Conservatoire de Paris en 1946, dans la classe d'Yves Nat, dont il ressort la même année, nanti d'un premier prix de piano. Il s'inscrit aussitôt à la classe de musique de chambre et il en sort en 1948 avec une première médaille.

Yury Boukoff avec Marguerite Long (au centre)

Il bénéfice à cette époque des conseils de personnalités de sensibilités aussi diverses que Georges Enesco, Edwin Fischer, Marguerite Long ou Jacques Février. En quelques années, il remporte de nombreux prix internationaux : il est lauréat du Concours international d'exécution musicale de Genève en 1947, quatrième prix au Concours international Marguerite Long-Jacques Thibaud en 1949 – ce qui est plus qu'honorable, car il est devancé par Aldo Ciccolini et Ventsislav Yankoff (ex aequo), Daniel Wayenberg et Paul Badura-Skoda – et, en 1952, huitième prix d'un concours musical international Reine Élisabeth de Belgique particulièrement relevé puisqu'il retrouvait en finale, entre autres candidats, Leon Fleisher, Karl Engel, Maria Tipo et Philippe Entremont.

Il est naturalisé français en 1952. Le développement de sa carrière internationale va, en 1956, faire de lui le premier pianiste européen autorisé à effectuer une tournée en Chine.

En 1966, Yury Boukoff rencontre Évelyne Kahil, musicienne et romancière, auteur de L'odalisque des Sables qu'il épouse en 1968. Ensemble, ils parcourent le monde, au rythme des concerts que Yuri donne sur les cinq continents.

Yury Boukoff affectionnait tout particulièrement la musique russe et le grand répertoire romantique, en récital comme avec des orchestres dirigés par des chefs de la stature d'André Cluytens, Hans Knappertsbusch, Seiji Ozawa, Igor Markevitch ou Artur Rodziński. Il crée en 1974 le Troisième Concerto pour piano de Pierre Wissmer (qu'il enregistrera avec l'Orchestre symphonique de la R.T.L. sous la direction de Louis de Froment). Il se fait le défenseur du Concerto pour piano en fa de Gian Carlo Menotti (enregistré avec l'Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire sous la baguette d'André Cluytens).

Yury Boukoff s'éteint le 7 janvier 2006 à Neuilly-sur-Seine.